D’année en année, la préfecture de l’Essonne a suggéré à NeuroSpin d’ « entrainer » les primates autrement qu’en les privant d’eau. Mais les documents obtenus par One Voice montrent que l’établissement n’a pas jugé utile d’écouter ces conseils pourtant très conciliants… Au point que le préfet, pourtant réticent à sanctionner ce laboratoire, lui a interdit l’utilisation de la « restriction hydrique » en 2022. Résultat : les macaques seront privés de nourriture au lieu d’être privés d’eau. Nous demandons au tribunal de Versailles le retrait pur et simple de l’agrément de NeuroSpin.
La « restriction hydrique », c’est quoi ?
Quand un singe arrive dans un laboratoire, on lui installe souvent un « collier » en plastique, qui permet au personnel de l’attraper avec une perche dans sa cage, pour le forcer à entrer dans la « chaise de contention » qui sert notamment aux expériences. Afin de faciliter les manipulations, l’animal va être « entrainé » à « coopérer ». Plus clairement : on va le conditionner à obéir.
La « restriction hydrique » (ou « contrôle hydrique ») est une des méthodes les plus couramment utilisées pour cela : on réduit l’apport en eau du singe jusqu’à ce que la perspective d’avoir quelques gouttes d’eau le « motive » à s’enfermer de lui-même dans la chaise et à y rester pendant des heures pour appuyer sur un écran, la tête parfois immobilisée par une barre en fer cimentée au crâne. Une bonne réponse : une goutte d’eau. Il faut vraiment avoir soif pour en arriver là.
NeuroSpin, spécialiste de la restriction hydrique
Depuis plus de dix ans, le laboratoire NeuroSpin prive systématiquement les macaques d’eau pour ses expériences. Pourtant, il n’a jamais su expliquer convenablement aux inspecteurs vétérinaires pourquoi il ne cherchait pas une méthode qui provoquerait moins de souffrance. La vérité est simple : les expériences comptent plus que la santé de quelques singes.
Mais il fallait trouver un alibi plus acceptable. C’est notamment sur la base d’un document co-écrit par NeuroSpin que le Comité national de réflexion éthique sur l’expérimentation animale (CNREEA) a formulé en 2021 des recommandations sur la pratique de la restriction hydrique : il faut éviter de priver d’eau les animaux « dans la mesure du possible » et quand on le fait, « la nécessité […] doit être dûment justifiée ».
Plus possible de les priver d’eau ? Le laboratoire les prive de nourriture !
Face à cet avis pourtant bien peu ambitieux, le personnel de NeuroSpin craignait « d’observer une baisse de performance en cas d’administration d’eau en cage et le week-end » et « que les animaux apprennent rapidement qu’ils finiront par obtenir de l’eau dans la cage même s’ils ne coopèrent pas pendant l’entrainement ». Des propos qui ne transpirent pas vraiment le respect des animaux…
En 2022, la préfecture a fait le strict minimum en interdisant totalement la privation d’eau à ce laboratoire, tout en renouvelant son agrément pour six ans, malgré la mort de Kimiko et les souffrances de tous les autres. Mais NeuroSpin n’en restera pas là : dès 2021, les chercheurs parlaient de priver les primates de nourriture s’ils ne pouvaient plus les priver d’eau.
Vingt-et-un macaques sont encore prisonniers de cet enfer. Pour eux, nous avons demandé le retrait de l’agrément de NeuroSpin au préfet, qui a refusé. Mais sa complaisance ne nous empêchera pas de nous battre : nous avons remis le dossier entre les mains du tribunal administratif de Versailles. Vous pouvez signer notre pétition pour demander la fermeture de ce laboratoire et le placement des primates dans un sanctuaire.