Enfermés à vie dans des cages qui leur permettent déjà à peine de tourner en rond, ils y entrent inévitablement en conflit avec les congénères qui leur sont imposés, sans pouvoir construire les relations sociales qu’ils établissent dans la nature… Sans même parler des expérimentations qu’ils subissent, nous refusons que soit passé sous silence le fait que la simple vie en laboratoire est déjà un supplice pour les animaux. NeuroSpin ne fait pas exception à la règle, et va même encore plus loin d’après les rapports d’inspection et les documents internes au laboratoire obtenus par One Voice. Nous avons demandé le retrait de son agrément, exigeons sa fermeture et le placement des animaux encore en vie.
La réglementation elle-même est contradictoire. D’un côté, elle dit que les cages doivent « offrir [aux animaux] un environnement assez complexe pour leur permettre de courir, marcher, grimper et sauter ». De l’autre, il est possible d’emprisonner deux macaques adultes dans une cage de 2 mètres carrés au sol, avec une hauteur de 1,80 mètre. Comprend qui peut.
« Enrichir » des cages de deux mètres carrés suffit-il à compenser la négligence de NeuroSpin ?
Même ces conditions indignes ne convenaient pas à NeuroSpin, apparemment : alors que le laboratoire disposait de plusieurs années pour mettre ses cages aux normes, les inspecteurs y ont trouvé en 2018 des cages presque deux fois plus petites ! Pour couronner le tout, certains macaques étaient isolés, malgré leurs profonds besoins sociaux. L’établissement ne s’est même pas donné la peine de demander la dérogation honteuse qui permet de leur infliger légalement ce traitement.
Un an plus tard, la situation était un peu moins morose pour les primates. L’équipe se félicitait d’avoir (enfin) des cages aux dimensions réglementaires et d’y avoir ajouté, en guise d’ « enrichissement », de simples miroirs.
L’enfer, c’est les autres… surtout en cage
Évidemment, la captivité en laboratoire est loin de répondre aux besoins comportementaux des macaques rhésus libres, qui vivent par dizaines dans des groupes impliquant des hiérarchies matrilinéaires complexes. Obligés qu’ils sont de cohabiter dans des espaces plus que restreints, les bagarres sont fréquentes, que ce soit au sein d’une même cage ou à travers les barreaux. C’est ainsi que Simio a dû être recousu en 2020 pour « trois plaies profondes au poignet droit » faites par Pitikos « à travers les grillages ».
Et c’est sans parler des erreurs et de la négligence du personnel : en 2021, « suite à une erreur de manipulation des cadenas des cages », Simio et Pitikos sont sortis dans le laboratoire et se sont battus. Puisque « le capacitaire ne s’est pas déplacé, ni le vétérinaire d’astreinte », c’est un technicien qui a dû gérer seul la remise en cage des deux macaques et les « soins » à leur fournir.
Une situation parmi de nombreuses autres jugées « non-conformités majeures » par l’inspection de la préfecture deux mois plus tard, avec une conclusion surréaliste : pendant un an, « les macaques ne pourront plus être utilisés pour l’expérimentation, ni pour les entrainements. Ils demeurent cependant sous la bonne garde de NeuroSpin ». Résultat : nouvelles bagarres, nouvelles évasions, contusions, ongles arrachés… Pitikos a même dû être mis sous anesthésie générale « pour reconstruction des plaies » !
Quelques distractions ne suffisent pas !
Non content de faire souffrir les primates pour des expériences, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA, dont dépend NeuroSpin) n’envisage même pas d’envoyer à la « retraite » ceux qui ne servent plus. La question s’est bien posée, mais après mûre réflexion, il a été décidé en 2020 que les placer coûterait trop cher.
Ce que la préfecture considère comme des « mesures correctives » n’est que poudre aux yeux de la part d’un laboratoire qui a toutes les raisons de se sentir au-dessus des lois. Pour mettre fin à cette impunité, One Voice a demandé au tribunal administratif de Versailles le retrait de l’agrément de NeuroSpin, ce qui permettrait d’en saisir les macaques pour les placer dans un sanctuaire. Nous sommes dans l’attente d’une date d’audience. D’ici là, vous pouvez signer la pétition pour soutenir nos revendications et faire fermer cet enfer.