Par l’intermédiaire du tribunal administratif de Versailles, One Voice a obtenu de nombreux documents concernant les contrôles du laboratoire NeuroSpin par la préfecture de l’Essonne. Au fil de nos lectures s’est confirmé le portrait trop commun d’une administration complètement soumise qui a manqué à ses obligations même les plus élémentaires envers les animaux en laissant perdurer des situations clairement inacceptables. Nous avons encore saisi le tribunal pour demander le retrait de l’agrément qui autorise ce laboratoire à exploiter des primates et pour permettre la saisie des animaux.

Quand les rapports d’inspection des laboratoires lui ont été demandés, la préfecture a résisté – comme d’habitude. Et au tribunal, sa défense a été pour le moins choquante : si les résultats des inspections étaient publics, « les établissements pratiquant l’expérimentation animale n’accepteraient plus les contrôles ». À croire que ce sont les laboratoires de l’Essonne qui décident si les pouvoirs publics peuvent ou non les inspecter ! La vie et le sort de centaines d’animaux sont pourtant en jeu.

Pas d’agrément ? Pas grave, on continue quand même !

Dès 2013, les inspecteurs notent que les primates n’ont pas assez d’« enrichissement » et la lumière y est tellement faible qu’elle est jugée « incompatible avec les besoins biologiques des animaux ». Trois ans plus tard, rien n’est résolu et de nouveaux problèmes ont fait surface : isolement injustifié des animaux, suivis sanitaires insuffisants, projets réalisés sans autorisation… 

Pourtant, aucune sanction explicite n’est à l’ordre du jour – de quoi donner des ailes au laboratoire malgré le non-renouvellement de son agrément. Entre 2017 et 2020, hors-la-loi, NeuroSpin achète dix-neuf nouveaux macaques – parmi lesquels Jingoro, Johan et Simio – et poursuit tranquillement ses projets d’expérimentation, dressant les macaques à obéir en les privant d’eau.

Pour ‘enrichir’ le milieu de détention des primates, le laboratoire a ajouté quelques plaques de couleur entre leurs cages… - Image extraite d’un compte-rendu de réunion de NeuroSpin du 23 septembre 2019

L’agonie de Bogey aurait dû faire bouger les choses

En 2020, les services vétérinaires notent à nouveau de nombreuses non-conformités graves. À ce moment-là, Bogey est en train de mourir lentement d’une infection soignée par un antibiotique périmé. 

Les inspecteurs menacent alors, à nouveau, de suspendre l’activité si les problèmes ne sont pas résolus rapidement. Mais cette mise en demeure disparait bien vite face à quelques nouveaux courriers d’engagement, main sur le cœur, à arrêter d’enfreindre la réglementation. Voilà donc que NeuroSpin, après trois ans d’activité illégale, est à nouveau adoubé par la préfecture. Tant pis pour Bogey.

Encore des morts « sous la bonne garde » du laboratoire

À peine l’agrément est-il renouvelé que Rubis est tuée après une infection de son implant crânien – comme le sera Kimiko un an plus tard. 

Avec deux macaques oubliés sans eau ni nourriture pendant quatre jours, des soins tardifs et inadaptés qui ont « conduit à l’euthanasie de Gabar, de Bogey, de Johan et de Nori », et l’absence de local d’infirmerie, la préfecture se voit obligée d’interdire au laboratoire d’expérimenter sur les primates… pendant un an. 

Les rongeurs ne s’en portent pas mieux et les singes ne sont pas mieux traités ni mieux considérés, puisqu’on les assoiffe encore à répétition. Malgré de nouvelles infractions, l’administration se décide en 2022 à renouveler l’agrément du laboratoire pour six ans. Seule restriction : il ne doit plus utiliser la privation d’eau pour faire obéir les animaux.

Le « souci permanent du raffinement » chez NeuroSpin

Quand nous avons pris connaissance des premiers documents à ce sujet, nous avons demandé à la préfecture de retirer cet agrément indigne et clairement illégal. Mais elle a refusé purement et simplement, allant jusqu’à affirmer, lors d’une nouvelle inspection en début d’année, que « le CEA Centre de Paris-Saclay et le laboratoire NeuroSpin ont un souci permanent du raffinement des pratiques ».

Pour les animaux, nous n’allions pas laisser passer un tel affront à l’éthique et à la loi. Nous avons donc immédiatement saisi le tribunal administratif de Versailles pour demander le retrait de l’agrément de NeuroSpin. Vous soutenir notre démarche en signant la pétition afin d’obtenir la fermeture de ce laboratoire et le placement des primates dans un sanctuaire.