Apparemment, les conditions déplorables autorisées par la réglementation ne suffisaient pas à NeuroSpin. Depuis octobre 2022, One Voice a pu obtenir des dizaines de documents concernant la vie des primates exploités par ce laboratoire situé en Essonne, qui n’en finit pas d’enfreindre la loi depuis plus de dix ans. Implants crâniens, privation d’eau, cages minuscules, défaut de soin : alors que la préfecture semble en plein déni, nous avons fait appel au tribunal administratif de Versailles pour demander le retrait de l’agrément de NeuroSpin qui autorise ces expériences et permettre d’envisager la saisie des animaux.
La propagande
Depuis quelques années, les belles formulations sur l’ « éthique » de l’expérimentation animale fleurissent sur les sites web des institutions et entreprises qui utilisent des animaux. Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) n’y fait pas exception. On y parle de « respecter les animaux en tant qu’êtres vivants et sensibles, susceptibles de ressentir douleur, souffrance et angoisse » et de la « démarche éthique à mettre en place à chaque fois qu’une expérimentation impliquant des animaux est envisagée ».
La réalité est pourtant bien différente.
Un premier rapport d’inspection alarmant pour les macaques
Après une bataille administrative acharnée, nous avons reçu le rapport de l’inspection menée en mars 2022 à NeuroSpin (un laboratoire du CEA). Pas besoin d’aller bien loin pour être choqué : « l’entrainement des macaques » (comprendre le dressage et la mise en condition pour pouvoir par la suite rester immobile et soumis) repose« uniquement » sur le « contrôle hydrique », une méthode (largement décriée) qui consiste à réduire l’accès à l’eau des animaux jusqu’à ce qu’ils obéissent dans l’espoir d’en obtenir quelques gouttes.
Le rapport donne aussi un aperçu de la vie de certains de ces petits singes : Pitikos a une croûte de sang séché sur le crâne, Simio a perdu beaucoup de poids sans que le personnel s’en inquiète, et Kimiko est morte d’une infection développée pendant plusieurs mois dans son implant crânien !
Or, début 2022, il n’y avait même « pas de procédures expérimentales sur les PNH [primates non humains] » sur place. Autrement dit, le laboratoire n’avait pas le droit d’utiliser ces animaux dans des expériences.Infractions à la chaîne : une négligence et une incompétence coupables
L’analyse de ce premier rapport d’inspection a été décisif dans notre prise de décision : nous devions en savoir plus sur la vie de ces macaques, découvrir si d’autres étaient eux aussi négligés, s’il était possible d’aller plus loin pour faire cesser ces pratiques non seulement terribles pour les animaux, mais aussi manifestement illégales. Nous avons donc demandé les documents officiels antérieurs, et nos échanges avec le mastodonte administratif ont repris…
Nous avons ainsi appris que les infractions commises par ce laboratoire ne dataient pas d’hier. Depuis dix ans, elles sont récurrentes : cages trop petites, absence d’infirmerie, matériel non stérilisé, médicaments périmés, expérimentations sans agrément… De nombreux macaques ont même été blessés, voire tués, à cause de l’inattention du personnel ou de son incapacité à les soigner correctement !
L’État responsable
Malgré ces pratiques illégales, en mars 2022, la préfecture de l’Essonne a permis à NeuroSpin de continuer ses activités sur les primates pour six ans de plus. Par précaution ou par acquit de conscience, l’administration a tout de même interdit l’utilisation dudit « contrôle hydrique ».
Une situation loin d’être rassurante, d’autant que ce même service est chargé d’inspecter aussi, et apparemment mal, le laboratoire du Muséum national d’Histoire naturelle à Brunoy, qui exploite les microcèbes pour lesquels nous nous battons depuis des années.
Le destin des primates de NeuroSpin entre les mains du tribunal
À chaque document obtenu, de nouvelles aberrations, jamais encore sanctionnées… À notre demande de retirer l’agrément de NeuroSpin, la réponse du préfet fut un rejet pur et simple, sans la moindre explication ! Mais nous ne nous sommes pas laissé impressionner.
Nous avons ainsi saisi le tribunal administratif de Versailles en février, pour demander le retrait de l’agrément de ce laboratoire maltraitant, ce qui permettra de venir en aide aux animaux qui y sont détenus et expérimentés. Avec le cabinet Géo Avocats, nous attendons une date d’audience.
Vous pouvez nous aider en signant la pétition pour demander la fermeture de NeuroSpin et le placement des macaques dans un sanctuaire adapté.